jeudi 5 décembre 2013

Eg

alités
je te tourne le dos de la cuillère
le réveille rapplique
tu dis
    je veux te prendre dans mes bras
ou peut-être était-ce
    je peux te prendre dans mes bras
tu t'approches
dépose ton bras sur mes côtes et sous le mien
encore une fois c'est ton bras droit
c'est la deuxième fois
qu'il nous rapproche

je te demande
    tu respires du ventre ou de la poitrine?
tu me demandes
    tu n'as pas une autre question?
ça fait qu'on se tait
je tâte ton pouls sous ton poignet lourd
   tu bats vite
je t'écris des mots sur la petite peau de grande main
on dormirait bien là
ici et toultemps

le réveille rapplique
fort
tu m'embrasses la nuque
comme si c'était plus que la deuxième fois que tu mettais tes lèvres dans mes cheveux
tu m'embrasses la nuque et tu te lèves


il y a derrière les volets et sous mes joues
une joie d'hiver
fraîche et amoureuse

lundi 4 mars 2013

l'espace entre l'espace et moi

oldchum
j'ai fait ma première crise d'angoisse à quatre ans et demie
après avoir écouté Découverte à Radio-Canada en famille
tradition oblige

ça parlait des infinis
infiniment petit
infiniment grand
Tysseyre disait que j'étais des cellules
pis tout de suite après il me montrait des galaxies qui existent peut-être pour vrai
vertige

après l'émission
dans mon lit de moi de quatre ans et demie
c'était l'avènement des premières insomnies
je comptais le nombre d'enfants de quatre ans et demie sur la tapisserie qui faisait le tour de mon univers pas infini du tout
je comptais tout
surtout ce qui était difficile à compter
combien de cheveux j'ai
combien de poil dans mon tapis
combien de petits reliefs sur le mur de gyproc
combien de secondes je peux arrêter de respirer
compter parce que ça m'empêchait de me rappeler que j'étais faite de galaxies infiniment invisibles

la faute à Tysseyre
si j'ai compris la vastitude de l'intimité entre moi et moi
ma chambre de quatre ans et demie n'étais plus refuge
elle était vertige
insondable

même pas une main d'années de vie
et voilà semées en moi les ambiguïtés nécessaires
qui se sont crues chez elles
dans la fertilité de mon innocence
et qui ont crû jusqu'à croître plus vite que moi
par en dessous par derrière
comme jack et le haricot
ma colonne s'est envenimée sous le poids des affaires impossibles à compter
toute croche j'ai poussé pas haut haut
mais j'ai poussé des cris la nuit très forts
quand j'avais encore le droit de crier la nuit

astheure que j'ai deux fois deux mains de vie
le cri se perd en moi comme il se perdrait dans l'espace de Tysseyre
y a pas d'écho je pense dans les galaxies
dans mes cellules non plus
je crie fort
et aucune paroi ne veut de moi

jeudi 14 février 2013

0000


on se torture correct
deux fois par jour
matin midi soir
j'ai le goût de ne plus jamais
te connaître
au fond de la gorge
comme l'écume ravalée
des dites fois

dimanche 3 février 2013

st-henri



non monsieur je ne les goûte pas les arômes de bleuet dans mon café
non je ne te le dis pas parce que tes yeux deviennent des fruits quand tu m'en parles
saint-henri
je souris je mets du bidou dans ta cannisse de tip saint-henri
torréfaction de mes joues quand j'te reluque le noeud papillon
tu m'expliques plein d'affaires que j'capiche pas pentoute
les cratères de tes cils roucoulent jusqu'à dans ma gorge
je glousse, comme c'est écrit dans harry potter, je glousse, comme Pavarti Patil
j'pense à ça t'es roux comme Ron
tabouère!
ça suffit pour que j'échappe à terre ma soucoupe pis ma tasse pis le café qui avait dedans pis la p'tite cuiller conne qui sert à rien
beau dégât dans ta belle brûlerie
bel incendie dans ma face que j'suis gênée
tu dis c'pas grave c'pas grave même que tu ris
moi je glousse pu comme pu personne dans pas harry potter
tu dis non non c'pas grave pour vrai pour vrai de vrai
tu t'penches pis tu te fais aller les frisous roux à ramasser ma gaffe avec ta guenille blanche
t'es tata une guenille blanche pour du café noir
j'peux tu pleurer j'messcuse
bredouille dans mes bottes laites j'veux m'en aller
tes dents partout dans face tu souris pis tu m'offre un cappu avec dessus un dessin de genre de palmier j'pense
ton oeil me fait un clin d'oeil j'trouve ça assez passé date merci des clins d'oeil tellement que j're-glousse
pis j'sac' mon camp c't'assez là han


dimanche 27 janvier 2013

navidad

little rascals


tes dents sont des os souriants
à pleine dents
pleines
qui laissent déborder ta belle langue d'ivoire elle aussi
ta langue comme un tamis rendant sucrés les mots que tu ponds par les joues
toi pis ta bouche belle d'autochtone de sang
toi pis ton sang de lèvres fissurées de sourire plus grand que t'es cap
beau garçon du dimanche le samedi
belles paroles blanches bonbon bonbon
rosissantes

mes joues changent de couleur comme les bagues d'émotions
avec toi
qui me regarde comme si j'avais raison
comme si j'étais intéressante
presque fabuleuse (j'exagère) (laisse-moi faire)
même si j'ai une dent de riz
du poil partout même dans la bouche
même si je m'enfarge dans mes fougères de pensées
tu me regardes avec ta commissure 
comme si j'étais belle avec des rayons pis toute
tu me laisses bégayer de toutes parts
et pitcher des phrases sans virgules comme un cupidon vraiment poche

j'avoue que t'es smat en estique
ta face de rire me donne mal dans le ventre c'pu des papillons j'pense que c'est des moineaux ou bin donc des mouettes ou des pigeons rien de trop exotique quand même on s'en f'ra pas à crère
t'es bin beau i tou pis je m'imagine que tu me trouve belle ou au moins correcte pis c'est doux et lisse comme tes dents qui mordillent mon coeur juste pour voir si y s'mange

y s'mange
j'te le laisse en collation pour ton lunch si tu veux
ça ou bin un joe louis là

samedi 26 janvier 2013

communication

moi/ appareil jetable// 2012


On a le choix de la couleur de notre guerre
Froide ou chaude
L'escalade symétrique des hostilités
M'impressionne

FLÈCHE

moi / appareil jetable / 2012
culpabilité du cul et de ce qui m'en sort et de ce qui m'y entre
j'ai su à tes sons que tu ne savais ni chasser ni pêcher
fais-moi les yeux de la forme que tu veux
claque des dents ta langue d'orginal
y a rien
même pas mes hormones qui s'délèchent
je suis terreuse du milieu
tu ne sais pas qu'on ne sème pas par ce trou-là
t'as n'as rien appris
des écorces du bouleau
que t'as pas lues quand t'avais genre cinq six ans
tes yeux le disent haut et fort secs et morts
la survie ça se passe par en avant
grand stérile
imbécile

la putréfaction ça m'épate pu
même pu comme mot
c'est commun que d'être mort

jeudi 27 décembre 2012

4 40

carte postale anonyme
bin beau être la meilleure mère du monde
me rassurer moi-même c'est zéro pis une barre pis deux

besoin de m'érafler de bord en bord
pour catcher sont où mes contours de moi

les ambulances sur mute 
crissent la neige dans l'piton

mon biscuit chinois se contredit en français pis en anglais
quoi que j'fais ?




mardi 11 décembre 2012

nos non noces

je vous déteste tous
de m'aimer démesurément
hors du don

minuit neuf
et jamais nous ne nous nouerons

laissez-moi
perméable
m'insuffire

je sais je dors en boule
arrêtez de me le dire
je dors en boule parce que je ne dors pas

non je ne te vouvoie pas
il y a d'autres toi

dimanche 9 décembre 2012

cabinet


c'est juste que
quand il m'a dit
     mets-toi en habit de combat
en voulant dire
     mets-toi en sous-vêtements
j'ai trouvé ça plus que drôle
genre
charmant

pis même que
quand y a ses mains sur moi qui pèsent
     pour m'enlever l'insomnie du ventre
     le jeûne de la tête
     les serpents du dos
     les cancers hérités      qui sait
bin moi j'ai la chair en poule qui mouille
pis j'ai tout le poil      poil de femme qui décide d'être humaine plus que féminine tsé poil de partout poil que j'suis née avec moi aussi bref       j'ai toute c'te poil-là qui joue à s'tenir bin trop draite
peut-être que ses yeux en rayons x y z le voient      mon coeur qui fait le (pas)fin finaud
c'est juste encore plus chair de poule mouillée dans c'cas-là
j'aime quasiment mieux pas y penser

c'est juste supposer faire du bien
pas être sexu
pis ce l'est pas non plus
c'est juste l'hiver
pis il a les mains chaudes
     un peu moites mais c'pas grave j'm'imagine que c'parce que j'lui fais de l'effet oui j'imagine fort fort


samedi 1 décembre 2012

c s v

myown
je fais le choix que tu me manques

parce que le vieux massé l'a dit:

il vient un temps où l'on doit rapatrier le pouvoir que l'on a donné aux autres sur soi

et moi j'ai dit

amen

*
*

*


*

je suis exceptionnelle
jusqu'à nouvel ordre
jusqu'à l'ordre nouveau que demain trimballe fièrement
fièrement
et moi de s'éteindre à grands coups
d'éclat
de voix
ok cool
ok

mercredi 14 novembre 2012

faire du nord

l'autochonie titillée
la nordicité en souffles à pique
la face fissurée dans le bon sens
mes dents brillent en glaciels 

en mon âme la spirale

inspirante spirale

«Un ressort qui ne perd jamais pied 

par rapport au site de départ
mais qui, en route, incorpore assez d'éléments nouveauxpour éviter l'ennui d'une ligne droiteou l'emprisonnement d'une circonférence.Ainsi, peut être atténuée la force de gravitédu déjà entendu, lu, su et cru.  »
(Louis-Edmond Hamelin)

jeudi 25 octobre 2012

immondice immoler imperfections


ça faisait de l'ombre depuis tellement longtemps
depuis mes onze ans
que je ne savais même plus que c'était un secret

et hier soir je l'ai tout simplement dit
au téléphone
à un ami
et ça a réveillé le monstre

je suis hideuse
je nourris le mauvais loup
de ma matière première    de mon unique matière
depuis la moitié de ma vie maintenant

je souffre de moi

honte
souillure
et fluides de toutes parts

hurray

dimanche 14 octobre 2012

entendre sous l'eau / paupières

oldchum
vieillir

crouler sous mon poids qui lui s'allège
volage et facultatif
le corps en option

l'anti-autisme de toujours vouloir
ne pas savoir mes parois

les pays de corne sous mes pieds
calaminés
tremblent de fixité

et tu me manques
par habitude
en vérité
c'est bien la solitude



mardi 2 octobre 2012

jean talon gens paons

sacha kurmaz
le bruit de mes pas me rassure
marcher me fait horreur

être prise en mon intérieur
l'ange a beau chuchoter de toutes ses forces
mes jambes me prennent toute entière

avancer

même pas

mettre un pied devant l'autre

seulement

en claquant du talon
régulièrement
sans arrêter
jamais

la fatigue est le coût du calme

jeudi 20 septembre 2012

à première vue

geneviève - michel brault
Elles ont les yeux de pétillement.
J'ai le coeur en détresse.
Cela n'ira pas.
Loin.
Les autres.
De moi.

dimanche 16 septembre 2012

s'entre-transcender (non j'ai pas des plumes en oreiller désolée)

djanice st-hilaire
salut

on se tappe les mêmes tapages après avoir vu des films trop fous
on angoisse de la même couleur face à l'homme et ses racines en torture

ça va ?

on vibre pour les mêmes chapelles
on a même l'estomac à l'envers du même bord

quoi de neuf ?

on expérimente le silence à deux - celui qui coupe les légumes
on s'aime pis on se le dit sans savoir c'est quand la dernière fois qu'on l'a dit

à la prochaine

on se presse l'inquiétude de bord en bord
on s'ignore encore tout encore

bye


mercredi 12 septembre 2012

manifeste de la peur

shawki youssef
symptômes

vertige constant entre le réel et moi
écran me séparant de l'autre
les autres n'existent pas
les pensées défilent et déboulent mon cerveau ne suit pas
mon coeur tente de battre la cadence
ne comprend pas
s'arrête
repart en trombe
et revient en boucane à terre
le thorax en volcan
l'irruption n'irruptionne pas
jamais
depuis quand ?
le sommeil et moi avons rompu
vouloir se faire bouillir de l'eau, se retrouver dans le portique en train de lacer ses souliers
ne pas comprendre
l'impression de comprendre plus que tout le monde
tout le monde est bâti sur du sable mouvant
contradictions
par tout
en moi
je déteste
LA HAINE
n'irruptionne jamais
l'hystérie jalouse ma rage
ma rage jalouse ma jalousie
tellement laide la bataille dans mes vicères
tellement laide la ripaille
l'esprit phobiaque de se faire mettre en boîte
de correspondre à un chapitre dans livre sur une tablette dans un bureau dans les mains d'un professionnel de ce qui se passe dans ma tête dans mes neurones dans mes hormones
la ville agresse
n'arrête jamais
vingt ans pourtant
je pensais qu'on naissait comme ça
ET QUAND J'EN PARLE
ça va pourtant j'en ris c'est drôle oui ça va ça va ça va passer
bonne nuit oui oui toi aussi
et quand j'en parle je ne m'entends pas parler
oui oui ça va aller c'est juste ci c'est juste ça
et quand j'en parle je n'en parle pas
la peur la grosse chienne noire sinistros sale
de quoi
pas savoir
ma foi vue en psychose
ma foi antidéraille
ma foi
MA foi
ma FOI
oesophage veux-tu s'il te plaît mourir draite icitte arrêter
brûle ailleurs maudit sans coeur
corps de maudite prison
cul de maudite prison
face de maudit cul
une chaîne en or un croix en or
or
j'ai du mal
l'air normal est facile
la brise normale aussi
mes lèvres bougent tusseules
ma mâchoire claque pour rien
PIS TROUVER ÇA RIDICULE
ET INUTILE
NE PAS VOULOIR VIVRE
NI MOURIR
NE PAS VOULOIR TOUT COURT
TOUT COURT SI VITE
JE
NE
COMPRENDS
PLUS
DU
TOUT

lundi 27 août 2012

rentrée forcée

fused forms
julia thecla
mon flanc flanche
l'autre poète a dit de prendre sur moi de ne pas mourir
c'est bin trop pesant
comme le cri qui fait courber
le cri qui ne se sait pas
muet


lundi 16 juillet 2012

les ordres


l'injustice
ne fais pas sens
comme mot

l'injustice
peut-elle être dite
sans être criée

l'injustice
est ridicule
face à
face à

l'informulable

parle parle jase jase pis
sacrement
ça rentre dedans
ça fait pas de sens
ça ne peut pas
pas faire de sens

comment on fait
on fait quoi

ma peau me retient
d'être ou de ne pas être
sacrement ça rentre dedans
j'peux tu fesser dans
non
j'peux pas
ça raboute rien de toute péter

« T'AS TOUJOURS TORT D'AVOIR RAISON


FINALEMENT C'T'UN P'TIT MALHEUR
MAIS C'QUI EST IMPORTANT DE COMPRENDRE
C'EST QU'Y A QUEQU'CHOSE DE POURRI EN QUEQU'PART
FAUDRAIT SURTOUT PAS QUE ÇA S'RÉPANDE »

dimanche 24 juin 2012

qui vive

salomé _ franz von stuck
the fancy way to say fuck you

mardi 12 juin 2012

la basse/cour

john william waterhouse
je vois les femmes comme tu les vois maintenant
t'as eu le regard contagieux
contaminée
je les désire toutes
belles et grandes
mères d'enfants filles à papa
toutes comme tu les aimes 
   comme on aime le temps d'une station de métro
je les aime aussi
tu m'as salie de ton regard amoureux épais

c'est lourd je sais pas comment tu fais
t'as pas mal à la prunelle du coeur des fois?
de tout percevoir
   la moindre brise sous la jupe
   la courbure du dos de celle à vélo
   les omoplates aiguisées
   le vernis rouge vie
   les fossettes asymétriques
c'est lourd de tout vouloir
comment tu fais



mardi 29 mai 2012

rira pu irru riru

bOyzZ sSkk - moi
j'ai la poitrine infestée
mon écoeurement mon dégoût
me magmatisent

et je suis un volcan

bouillante
je ne dors pas
je ne suis pas une attraction
je suis sublime
je ne tarderai pas
mon cratère invitant rugira

gravis-moi
bravo
c'est donc vrai que je contiens rage et mépris
bien orangés
bravo
t'auras vu de tes yeux vu
pour ça tu m'auras pilée dessus
bravo
et moi je t'ai laissé faire
sans me déborder sur toi
sans que tu meurs en pierre
je me suis contenue
bravo
pauvre touriste

encore un centenaire
où la paix est confondue avec la non-érruption

quand je vomis
quand je crachote
même quand je pleure
c'est rien
comprends-tu que j'ai le noyau de la terre qui veut que je l'accouche?
mes crevasses ouais mes crevasses
rien à voir
tu connais mes cendres ma fumée mes petits séismes
rien à voir

on dit que les volcans dorment
si tu savais comme bouillir n'est pas dormir

SI TU SAVAIS QUELLE VIOLENCE UNE SEULE DE MES COULÉES CONTIENDRA

mardi 17 avril 2012

guillemet She Was Waiting For Her Mother At The Station In Torino And You Know I Love You Baby But It's Getting Too Heavy To Laugh guillemet

de kooning
je fragmente tout par peur d'être avalée par mon manque de mots mon manque de moyens mon manque d'outillage pour enfanter ma pensée plurielle j'ai envie d'une phrase infinie comme le plus long hurlement du fond profond j'ai envie de me déchirer m'ouvrir arrêter de ponctuer arrêter d'énumérer tout le temps comprendre et faire comprendre être comprise comprendre comprendre arrêter de répéter toujours
je ne veux pas sauter la ligne pour paragrapher mes idées je veux la liberté mouvante de ne pas avoir à être ralentie par la réflexion entre chacune des questions que les questions ne soient que celles qui ont pour réponse le sourire tendre adressé à un gamin
je saute quand même la ligne je ne suis pas capable de m'exprimer vraiment la vérité ne veut pas sortir le filet la discrédite le filet remonte avorter la souche de mes capacités je refuse de ponctuer juste pour ne pas ponctuer encore le refus j'ai pourtant l'impression de tellement donner et de tellement tout garder qu'est-ce que j'offre si l'artillerie lourde se scelle sous mon dos croche qu'est-ce que vous recevez si je me tais d'un silence pas fou mais lourd et qui projette mal mon grand projet si je me ferme d'une perfection que j'attends pas passivement mais visiblement inactivement même si pas passivement je le sais moi que je la mijote je le sais qu'elle adviendra mais je suis mal partie on starte pas une perfection dans la peur et l'oubli volontaire de répondre camouflé sous l'oubli involontaire de répondre
je cherche si tu savais de mon pas lent je cherche tellement j'ai mal à mon thomas qui veut voir pour croire c'est pas la première fois qu'on me brasse la face dans un café parce qu'on m'aime donc parce que je suis une fille mais qu'on m'aime quand même donc j'aimerais ça que tu comprennes que je comprends de mon mieux que j'ai les mots que les mots ne me suffisent pas qu'ils se suffisent faiblement qu'on a rien qu'eux et comment communier sur des miettes
tannée irritée je te laisse me défoncer doucement j'ai pas encore pleuré on fera quoi quand je pleurerai à part dire qu'on le savait donc qu'on a été con d'être aussi con toi tu penseras que c'était bon moi je penserai que c'était mal et ce sera tout non esti non c'est de la dompe je veux rien savoir d'être un trou qui bouche un trou j'ai la volonté de me laisser atteindre d'être attendrie j'ai le malaise de l'attendri comme xavier qui l'a aussi la trop-aimance l'armure de l'aimant qui se bat contre son bouclier
la sagesse en silence le silence sage pas la même chose  je comprends pourquoi on sacre c'est frustrant cette sensation du condamné c'est la castration suprême celle que je me vis tout lié tout enchevêtré mon espérance de désespérée et l'odeur d'un blt c'est vraiment fatiguant la hauteur celle à laquelle je me dois d'être c'est mon devoir de moi à moi bin bin éreintant

ta chambre diffuse


dimanche 15 avril 2012

roger toupin


je ne dis pas     je suis né
je dis que je suis venu au monde
je le dis criant comme un premier cri de premier né
pardon
de premier au monde venu
     la première fois que le monde est venu à moi
     c'était à pattes grand écartées
     à bras ombiliqués dix tours autour du cou
pauvre bébé
y a les yeux croches




à la marchette de grande enfance
on pleure les mouvances à la canne d'une p'tite adolescence
« on s'attache pareil à des places comme ça, tsé veut dire »
6 dans un 2 1/2
et vroum zoum le bazou bye bye ma minoune
parce que c'est comme ça
« c'est la vie
on a pas le choix »
les amis les frères les cafés à une demie piasse
les lifts à bicycle l'afteur-messe du dimanche
ça mouve
toute ça, ça mouve
sauf nestor mais nestor c'est nestor

les cafés roussis
les bananes en marshmallow
les ruines-babines
astheure c'toute en ruines
ça se ramanche pas des parlures de la sorte
astheure on peut rien que dire que ce sontaient des donc belles couleurs plus belles qu'astheure
« et voilà »
« fallait que ça se fasse »
« c'est faite »

vendue ma dernière relique mon dernier souvenir

« et voilà »
« fallait que ça se fasse »
« c'est faite »
hoche la tête ma mère dans son mutisme de vieille enfant
de gros bébé mourant sa tête hoche ma mère
c'est son dernier samouiche au jambon 
« quand y fait chaud c'est bon »

c'est son dernier souper
ma mère
maria

aujourd'hui les redevances éternelles
les morts meurent
et je nourris ma vétérane du mieux de ce que je lui dois
« j'y r'donne son change »
c'est elle qui a popoté la venue du monde en moi
j'y vaux bin un verre de jus rouge
100g de bonbons dans un sac en papier brun
une marche dans le corridor
pis une catin pour qu'elle catine jusqu'à la mort

je dis pas qu'elle va mourir
même si on arrache le nom de mon père au scrapeur
je dis pas qu'elle va mourir
je dis pas mieux j'y ai pas l'coeur
« on a pas le choix »
que je dis
mon coeur est à mon ventre mon coeur est à l'ouvrage
« jette pas ça »
« jette pas ça tu suite »
« pas tu suite ! »

faisons encore un peu sonner les violons
les décédés s'estompent à force de migration
le visage embriqué a changé d'ombrage je ne le vois plus
le nuage souriant demeure
ma mère nuageuse sous peu
demeurera souriante
et moi aussi
« pas le choix »



jeudi 12 avril 2012

soyons de notre temps


parlons comme on parle
considérant que tu bouillasse fort que je pétasse fort
considérant que ni l'amendement ni le compromis sont à envisager
considérant que j'ai de ta bave plein la face
considérant que j'ai le clocher chancelant parce que viarge tu varges dedans
considérant que tu ne me proieras pas que je ne ploierai pas
considérant que l'un dans l'autre on se déploie
considérant que déjà
considérant que fuck you vraiment beaucoup
considérant que fuck me vraiment profondément
considérant que ma torieu de tête de fille tartine toute sur la même toast
considérant le mystère de ta peau de pachyderme
considérant mes élans d'écoeurement de déjà vu de jonathan
considérant mon amour juste mon amour
considérant que t'aimes pas comment j'm'habille que j'suis laite que j'suis fabuleuse que maudit qu'j'suis laite
considérant que tu ponctues définitivement trop tes phrases
considérant que t'es transparent de silences troué de cris ridicules
considérant ton amour juste ton amour
considérant tes nuits de jambes-gigotte
considérant mes inmangeages
considérant le retour de la grande soif
considérant mon vertige à l'envers
considérant ton char qui transforme montréal en arlem avec son ciel plus haut pis ses noirs aux barbes blanches
considérant presqu'un paquet de cigarettes par jour
considérant nos espérances brouilles nos dégoûts déformés nos embrassadheures nos envenimances douloureuses

en vertu du mieux

je propose qu'on ne se soit jamais connus
qu'on ne se soit jamais sus
qu'on s'unisse
qu'on en finisse



mercredi 4 avril 2012

sérieux ?

vittorio de setta
salut ça va mal ma culture
mon office national va mal
ma cinémathèque va mal
mon école va mal
mon pays va mal

ça va faire
pressez-vous pas de toute clore tu suite
j'pas prête j'pas vieille j'sais rien j'peux rien
j'ai pas eu le temps de toute savoir ma mémoire encore
donnez moi une christie de chance
voulez-vous bin
tabouère
j'peux tu essayer au moins d'être un peu nous autres
voulez-vous tu arrêter vos jeux du je pis nous nounoyer un peu
j'vous vouvoie j'vous voutraille j'vous tuerais
à force que vous tuez toute toute toute

à part de ça
t'es qui toé

t'es qui pour massacrer mes grands frigos pleins de pellicule
pour vider mon frigo vide vide vide (écho) vide vide vide
ton coeur frette de mon pays d'hiver d'hosties mal écrites
mon coeur en tabernacle mon coeur en tabarnac

lâchez moi-nous en paix
ou bin donc assumez-vous pis closez les belles grandes bibliothèques vitrées
pis les beaux grands musées d'riches renvoyez-moé ça d'où ça vient
la culture des autres races
pas besoin d'ça icitte
des races oui! c'est payant
d'la culture non! c'est réveillant
d'la cultivâtion peut-être! juste si c'est les races qui la fasssssent

mon coeur en tabarnac

tout cas
j'sais pas c'est qui vous
j'sais pas c'est qui tu
pis j't'à raz de pus savoir c'est qui je
c'est qui que je
c'est qui que je suis
j'vous suis certainement pas vous autres
dans vos christies d'poches lourdes poches
videz les miennes comme ça vous chante
mais touchez pas à ma mémoire
touchez pas à mon savoir
touchez pas à mon royaume
touchez surtout pas à mon avenir

bye là

p.s vous êtes sérieux pour la cinémathèque, gang?


mardi 3 avril 2012

décou su

Saint-Mathieu et l'ange
c'est ce qu'il y a de vaste en toi que je veux connaître
ce que nous avons d'inemboîtable
ce qui n'entre dans aucun tiroir de la mémoire
ce qui a toujours été
ce qui demeure ce qui est
ce que j'aime en toi c'est ce que tu captes si sensiblement
ce que tu redoutes si farouchement
ce que tu refuses d'écouter si fort

ce que j'aime en toi m'enfarfolle
c'est le sublime, la foi qui ne m'explique pas,
c'est le saut qui supplie nos poitrines de se joindre pour le survivre
ce qu'il y a de beau dans ton beau c'est le profond fond sombre infini merveilleux
qui te petite petite peut-être
qui m'agrandit nous agglomère

pas game de me fondre dessus
à toute pas d'allure

je veux vivre de jour avec toi
que mes réserves de photos d'aveugle ne servent pas
conte-moi raconte-moi recompte-moi ta mémoire
fabrique pas d'histoires
que j'en fasse pas d'histoires

je connais déjà tes visages ensommeillés
déjà malgré moi déjà
c'est pour ça que je salue les dents serrées
déjà malgré moi déjà
l'arrivée de la maudite chaleur au thorax
lorsque tu dors avec elles
belle et belle
plus belles et plus belles
je me sens piquante
je vois pu mes rayons
c'est que tu me découds les rameaux si doucement
de tes grosses mains qui me tiennent d'une main
dans la main
j'y peux rien on dirait
j'te le dis on dirait que je peux du bout des lèvres seulement
penser et dire
que j'y peux rien

mercredi 28 mars 2012

les grandes fontes

/grassdoe
j'farfouille ta face pour prendre un bouillon noir de tes yeux
j'te tasse les joues aux souffles plus longs que la note
y en a pas de rien pas pentoute pentoute
tu t'ouvres de toutes tes fermetures

dans ton lit infini

on se couche en coutellerie toute croche
tes trous de genoux claquent la nuit
tu piaques même
tes membres lourds sur ma gorge je respire
y a tellement trop de bruit autour en tour

des autres le vacarme
j'ignore tout et je vertige

le magnétisme lumineux des petits échanges de grands élans
agit petit peu trop puissamment

attention

je m'emmêlerais de tes affaires filées bleu jaune
nos résonances n'auraient pas les limites
des télépathies que mon regard échappe
en miettes d'inquiétudes

je brillasse
j't'ébouclasse
veux-tu m'épeigner?

lundi 12 mars 2012

le printemps des hormones


palpitations
hibernez encore un peu
et vous balbutiements
terrez-vous quelques tantôts durant
encore un peu
patience votre raison viendra

je vous connais attentes et rougeurs
je vous connais inclinaisons et épanchements
je vous sais faussement inoffensifs
je vous ai tricotés
je vous fond de ma poche
immédiatement
j'ai dit
immédiatement
_

il y a
le fleurissement pressé
les gloussements les roucoulades les gorges moulées
la cambrure extravagante qui revêt les actes ordinaires
l'infantilité ravageuse de la femme en son printemps
la fonte des barricades par le rayonnement d'atomes tellement tordus
le savoir parfaitement muet de notre pouvoir de notre règne aux longs cheveux

il y a surtout
l'imposteure innocence
qui usurpe la clair-voyance des pauvres hommes des pauvres hommes
il faut la vertu pour se faire virtuose du chant sirèneux qui nous habite toutes
qui s'onde hors de nous sans effort sans assez d'effort

je vous en prie
chers hommes aux mains mâles aux nuques douces aux dos solides
chers hommes à l'âme belle par le fond
soyez sourds à nos artifices incontrôlés
voyez ce qui est et dure
voyez la femme-plénitude en puissance
aimez celle qui dure
nulle autre
je vous en prie

mercredi 29 février 2012

papi

oldchum
la vie comme une gestation
la mort comme un naissance

apparemment tu viens de voir le jour papi
c'est ce que cette escorte d'hommes aux chapeaux bas me dit
apparemment tu es beau sous le couvercle
de ta nouvelle vie

il est étrange le langage de la mort
des mots me disent que ton trou dans la neige est "un bel emplacement"
comme quoi on peut partir mieux que d'autres

et Dieu
qui confirme tout sourire
qu'à l'heure de ton entrée en terre
les rires d'enfants sont bien réels
les flocons scintillent bel et bien pour nous
que pour nous

pour que dans le vertige du manque
dans l'angoisse du vide
nous sachions que toi
   papi le nouveau-né
demeure au creux du cou de Marie
qui n'a rien d'amer
rien d'aride

papi l'enfant nouveau
au ciel
papi l'enfant nouveau
né une fois pour toute

Dieu est bon.

jeudi 2 février 2012

jo

khole


comment feras-tu
mon tendre ennemi

comment saumoneras-tu
à travers les filets de barreaux

comment survivras-tu

mon naufrage préféré
ma coupe à blanc d'amour
tous ces noms
où les cacheras-tu
pour ne pas qu'on te les noircisse

ton humanité déjà fragile

comment demeureras-tu
mon amimal, mon homme

paires les années seront toujours interminables
celles de l'enfouissement

où mettre ta tête et ton coeur lumières brisées
pour que le tison ne se tache pas complètement

ah que la mort est une étrange chose lorsque tant montrée

qu'as-tu fait,
mais qu'as-tu fait
mon pauvre ami...

samedi 28 janvier 2012

frères

khole
repères svp
sous quel chapeau cacher ma honte
à quelle patère accrocher mon vertige
d'avoir perdu en une minute
toutes mes façons toutes mes manières
d'être de toute manière

perdue dans le portique de moi-même
si j'avais su
que la longueur me déroberait ainsi de mon corps
je ne sais pas
comment j'ai résisté
au choquement du cadre

toute panique toute peur
diluées de peine et de misère de confessions et de billes de bois
même la neige a changé d'air
pour me faire sentir rien sentir

respire

éteint-on les irruptions
armés d'houblon et de nicotine
non

le volcan d'être
d'ici
et de trouver ça
dans l'absolu
de la folie pure
et difficile

mercredi 25 janvier 2012

hisser haut

khole


Qui a parlé de romance ? Je vous parle de découvrances !


Je vous parle comme Jacques le Colomb et comme un Cartier de Christophe: on aperçoit la terre longtemps avant de s'accoster au rivage. On topographie un pays en s'y risquant le non-retour. Je vous dit que j'ai découvert un pays que je regarde me regarder, autonome et autre. Sous la forme d'un homme, un mouchouânipi, une terre sans arbre, un cap qui appelle la croix sans question déplumer quelqu'autochtone, sans empêcher la résonance de quelque peau tendue. 


Je vous parle du charme d'un continent au contact de la poupe de l'autre. Et devant la rive sauvage hippogriffe, je m'incline bas, bien bas, très bas. À ras le sol, l'oeil en coin bien accosté, j'attends un frémissement de plumes, de feuilles; c'est la terre d'accueil qui est chez elle. Le colon n'a droit qu'au regard et c'est justement là qu'on se connaît depuis toujours. Sans langue ni chair.






Matin d'été en plein janvier, quel beau jour pour nommer le nouveau monde voisin. Terre neuve d'amitié, je t'envoie en défriche tous les oiseaux patenteux du Québec: c'est ma myrrhe, mon encens. Et comme or,  tu m'offriras le calumet de tes pères grands ducs de tes amériques toutes secrètes. Épargnons-nous la fausse route de la soie et des épices. Fondons-nous, calcaires, dans les sédiments de nos pelotes de racines encore à tricoter. 


Oh, mais ! Nous ! Qu'entendons-nous ? Nous ! Vigie ! Déjà ? Nous en vue ! Nous en vue ! Déjà. Toujours déjà...

lundi 16 janvier 2012

déplier natal

appareil jetable moi

on défait des valises en pleurant
fait plusieurs nuits qu'on est revenu pourtant
et pourtant

on déroule le linge lentement
peut pas s'empêcher de se mettre le nez dedans
ça sent maman

samedi 14 janvier 2012

frère Marcel ou De courte-pointe à monolithe

andreï rublev
the redeemer
nuit de janvier
le calme et la paix se font graves
aucune frivolité aucun détail, ni même de fantaisie ou de charme
la tête froide dans mon hiver
cette nuit c'est clair
la voie est droite dure droite pleine droite longue et droite

le voeu de la pureté
six mois une année
cheminer vers la virginité
ma promesse scellée du cordon quinze fois noué
soutenue par la milice
estampée par la médaille
   j'ai juré de chercher la vérité

vérité
à son nom je m'abandonnerai
uniquement d'elle je me laisserai combler
vers elle seulement seront orientés
   coeur
   affectivité
   sensualité
je renonce à ignorer le renoncement
je commence à purifier le don de moi qui se multipliera un jour
pour le moment maintenant cette nuit
avancer vers l'origine
rapiécer mes richesses prodiguées
m'approprier m'appartenir

partir à ma chasse
   n'être la proie personne
   même des yeux les plus océaniques
   même des mains les plus terreuses
   même des bras les plus vastement épandus pour moi juste pour moi
ils patienteront les élans les caresses les tendresses
c'est un coeur mûr qui rayonne déjà au bout du temps voulu
c'est moi grandie le plus petite possible
prête complète pour l'offrande


vendredi 6 janvier 2012

step one

dans l'août du je savais peut-être pas
j'étais justement en train d'écrire dans ma tête
un énième poème de bonne odeur
« j'ignore de quelle saison t'aimer »
que ça disait

et puis ta guitare
ton piano
mon endormance
mes cheveux dans mes doigts

et le vent change
et la rose des vents fane toute
d'un coup
et les fleurs de tout     mon long aussi
et vlan mes champs et vlan noémie sur le bord du chemin et vlan et vlan et vlan

le poème suinte laite astheure
« comment on se sent de briser un coeur ? »
que ça dit
ah tous les coups de pieds dans tous les bancs de neiges ne feront pas
l'affaire de ma nausée

comment peux-tu rire
comment puis-je t'entendre
comment pourrons-nous s'aimer sans s'aimer
dans le monde des mieux à n'en plus finir
dans le monde de tout sauf nous deux à unir
dans le monde où je ne suis pas à choisir

et j'ai honte
d'être belle, mais pas assez
de m'être déballée, montrée de tous côtés
de n'avoir su que la dernière
qu'il n'y aurait jamais de     notre chaumière
et j'ai honte
pâleté à la pelleté
le tanin d'un rejet prévisible
l'âpreté d'un je l'savais donc
l'insupportabilité du trop lourd
du mais mon dieu je comprends pas

je me sens rebondir de partout contre tout
sans conviction je crache
sans regret je fume
la colère sans la hargne
la gêne sans l'orgueil
la confusion dans l'éparpillement




me le demanderas-tu
en poème
comment je me sens ?


dans la salle d'étude

vas-y
voler de ta belle parlure
de tes belles tournures du dimanche
pour tous les dimanches à venir

l'amertume en brume
celle qu'on peut couper au couteau
ne fait que passer
coup de lame sous la paupière

vas-y
faire silence de ta belle droiture
de tes mains jointes seules et suffisantes
pour toutes les minutes à vivre

la destruction des petites certitudes
celles qui m'étaient immenses comme le ciel
ne font que passer
séismes sous le thorax


allons-y
s'aimer de ce nouveau nous
de ces nouveaux poèmes que je ne veux plus d'offrir
pour le mal           ô le grand bien
                             ô le grand bien


mercredi 4 janvier 2012

charlevoix

la chambre en question
N'avoir que le temps de dire:
J'ai trouvé l'endroit où mourir,
J'ai vu le lieux du futur de mes racines,
J'ai vu mes eaux fondatrices de mes tantôt.

J'y ai mis le pied le temps d'un soupir:
Sur le chemin, des arbres aux épines lourdes, gorgées,
Des épinettes indécentes des neige.
J'ai même frôlé le cul d'un orignial; ses yeux noirs ronds comme les miens; nous nous sommes reflétés des découvrances à n'en plus finir, le temps d'un crissement de pneu; puis la route, la route qui me mène et je me laisse mener.

Maison jaune, vieux phare, maison blanche, bonhomme de slush, chapelle saupoudrée, fermée, église aux murs plaqués, à peine ouverte. Puis, enfin, le chez moi temporaire: l'habitat bleu dans le bleu de ces fameux yeux bleus. Il n'y est pas, ce regard dont mon coeur est amoureux. Il n'y est jamais.
J'entre pour la première fois dans ce chez moi qui craque et qui scille au vent. Une chambre me choisit. On a toujours été nôtre. Le hublot et moi on s'regarde. On se reflète nos retrouvailles: le fleuve est violet; vous m'attendiez.

Et toi, l'Île qui me fait de l'oeil. Toi, qui de ton bleu n'y es jamais plus que l'autre mystère, qu'as-tu qui mérite d'être tant attendu? Qu'avez vous, mes amours inconnus, qui vaut la douleur du temps de l'éloignement ? Je le saurai. Un jour, nous cesserons de nous ignorer.

D'ici là, je vois la mère de ma mère sangloter à grandes secousses, je vois mon père se fatiguer, je vois mon frère grandir et s'aggravir. Ce sont des paysages mouvants que l'Artisan m'offre. Des vivances qui s'émeuvent et me mouvent. Elles sont en eux, les marées les plus surprenantes. Et je suis aimée d'eux, je suis aimée de cette Vie qui les anime et qui m'habite par leurs rires.

Lorsqu'ici je m'assoupis, je suis envahie de vies qui ne sont pas miennes. J'en ai chaud, c'est si beau que j'en tremble. J'ai la fièvre du sommeil. C'est sûrement la chambre; son plafond incliné m'envoie des lattes de rêves qu'il ne faut pas rêver. Du placard de cèdre émane de ces souhaits qui font mal à espérer. Et je me fais réveiller. Un enfant est debout près de mon lit, le visage penché il me regarde dormir douloureusement. J'ouvre mes bras, il se glisse dans mes draps et ce sont les minutes des plus précieuses de ma vie. La vraie vie. Il s'endort contre moi et me serre si fort que mon sang peine. Sa respiration se saccade. Des larmes de bonheur ruisselent dans ma pénombre et c'est le regard vers le plafond incliné que je remercie le Seigneur de tout mon coeur. Merci mon Dieu.

Les matins arrivent. La toux des autres à travers les murs, le bacon de mon père, la quiche de ma tante, le pain doré de ma cousine; toutes les effluves se battent contre le fleuve et ma fixation. Nue devant ma fenêtre grande ouverte, j'espère imprégner ce parfum qui m'enlève tous les mots du corps. Que dans chacune de mes pores s'infiltre une baie ! Que dans chacune de mes rides à venir se cache un marsouin ! Que dans chacun de mes cheveux on retrouve l'algue de nos amours ! Que dans chacun de mes mouvements on décèle du nordet ! Que de ma nuque on puisse admirer les voiles gonflées des marins solitaires ! Que mes courbes deviennent les flancs violents des monts protecteurs ! Que mon souffle chante la même langue que la vague contre la vague ! Que mes fossettes ruissellent de rire et nourrissent tous les oiseaux du Nord ! Que sous mes talons se cachent les glaces parfaites de l'hiver cruel !... Que je devienne ce qu'Il a fait de mieux ! 

J'ai de ces élans fondateurs, de ceux qui défrichent des Québecs à la mitaine. Je m'enlace à chacune des vieilles granges et tous les noms de rues me retiennent. C'est ici que je veux être. C'est ici que je me dois d'exister. 

Il a bien fait de ne pas venir, celui que j'aime. Car nous ne serions jamais repartis. À l'heure qu'il est on déboulerait probablement les Éboulements à pleine dents vers cedont je ne peux définitivement plus me passer. Il viendra m'y rejoindre un jour, dans un songe interdit, si je ne suis pas choisie. Il viendra m'y découvrir un jour. Tous les courants et tous ces airs de lui que je ne sais pas, ils me seront hérons connus. Et il viendra me regarder être, l'âme à grande allure, ce que je suis depuis les origines. Sans échouages ni éclaboussures, seulement mon souffle en vague et son écho en plénitude.  

lundi 28 novembre 2011

sacrifice

awesomepeoplereading
Ce matin, on a décidé de ne pas ouvrir la radio. À la place, j'ai attrapé le journal de quartier et je l'ai lu à haute-voix pendant que tu me demandais ce que tu sais déjà: lait? sucre? Ma bouche disait les mots, mais nos oreilles les écoutaient pas. Ça faisait juste changement. La cafetière italienne faisait un concours de boucane avec les rôties que tu fais brûler.

Tout l'avant-midi on avait beaucoup trop de choses à faire. L'université, le travail, le lavage, l'épicerie. Ça fait qu'on a rien fait. On a pris nos tasses-hibou, pis on les a remplies de thé à la citrouille. On a joué à piger des mots dans le dictionnaire et à s'en faire deviner la définition. On était vraiment poches.

On a réussi à se bouger le cul après que le trafic ait déjà commencé. On s'est habillés comme s'il faisait moins quarante. On a sué dans le métro jusqu'à la librairie qu'on aime. On a passé tout notre temps assis à terre à ouvrir et fermer des livres pour enfants avec plein de couleur. Quand on a rampé jusqu'à la section poésie, y avait pu de soleil et le libraire bâillait. On est parti sans rien acheter pis on lui a dit un gros gros merci. En chemin du retour, t'as voulu arrêter au club-vidéo, mais j'ai fait une crise poings et pieds au sol pour qu'on entre pas. Je suis tannée tannée tannée ! T'étais gêné de me voir crier sur le trottoir pour «rien», faque à place, on est rentrés chez Jean Coutu pis tu m'as acheté un calendrier de l'Avent. Sèche mes pleurs sèche mes pleurs.

Une fois la nuit, t'avais bin peur que je recommence à exploser, alors tu m'as laisser choisir le livre. J'ai dit LES livres. T'as dit ok. J'ai choisi un peu la Bible, un peu des contes de Perrault, un peu du livre avec juste les images de la Vierge, un peu de Perrault (pas le même que tantôt) pis pour que tu t'endormes, je t'ai achevé avec un peu de Platon. J'ai éteint la lampe laite, j'ai fait un signe de croix. Dans le noir, j'ai regardé tes côtes gonfler dégonfler gonfler dégonfler jusqu'à ce que j'oublie d'être réveillée.

On a passé une christie de belle journée.


mardi 22 novembre 2011

je devrais pas penser jusqu'à là

mon oncle antoine
claude jutra


une tôle de biscuits au beurre
une empotée entière de confiture
comme tu m'as confié en rêver aussi
devant des flocons de douceur


un hiver comme celui de la Marie à Alexis
celui 
qui à chaque première neige m'encabanera dans un temps passé
qui m'émouvera tellement qu'il m'empêchera de tisser


lacer les patins d'enfants à moi
moucher les nez d'enfants tannants
faire croire à la cocotte magique
cueillir un sapin à la hache
bricoler une crèche de carton
ou de pain d'épice


un peu de musique irlandaise
un bonhomme
une bonne femme
et des petits
avec des carottes en nez
qui saluent les passants
fiers d'être croches


j'aimerai pas plus l'hiver
il sera aussi cruel que celui de mon enfance
aussi sec que celui d'aujourd'hui
mais il y aura toujours un met fumant au four
un livre ouvert sur un coffre bleu
il y aura des crazy carpets enfouies qu'on ne retrouvera qu'à la grande fonte
il y aura le rose du printemps sur les joues des gamins


j'aimerai pas plus l'hiver que je l'ai jamais aimé
mais il y aura une petite saveur à cette buée qui s'échappera de mes mots
lorsque je crierai contre le froid
les enfants, venez manger !