mardi 16 août 2011

les voisins d'en bas

lauren hussong

Il beuglait: AIME-MOI ! AIME-MOI ! AIME-MOI ! SERRE-MOI DANS TES BRAS ! A'OUEILLE ! »
Et elle de hurler : NOOOOOOOON !

Et des sanglots, un bref silence.

Puis, coup sourd. Le mur tremble un peu.
Et un cri de désespoir étouffé, provenant d'une gorge visiblement étranglée par les mains du mal-aimé.

Je suis figée, oreille contre mon plancher.
« Laisse-la, laisse-la respirer, je t'en supplie, arrête, arrête... »

Enfin, les poumons de la femme s'emplissent bruyamment.

Mes mains composent un 911 vraiment pas sûr de lui. Ma voix vraiment pas sûre d'elle rapporte quelque chose de vraiment pas clair du tout. Et je reprends mon poste, la joue collée au parquet. Surtout, bouger sans que mon plancher craque. Que personne ne sache que je suis éveillée.

Des mains contre des joues montent jusqu'à moi, je perçois des pleurs de panique, le mur tremble encore. J'imagine le corps de la femme projeté d'un bord et de l'autre de la chambre, je ne pourrai pas tenir longtemps. Dépêchez-vous, bâtard ! Le bois franc se mouille, je pleure, je tremble.

Des grands coups. Ça y est, il va la tuer.
« POLICE ! OUVREZ IMMÉDIATEMENT ! »
Des grands coups dans mon estomac.

Je n'entends plus rien.

Quelques voix d'hommes.

Les gyrophares quittent la rue.

Ils ont laissé l'homme dans la chambre sous la mienne, ils ont emmené la femme au cou probablement bleu foncé. Lui, il semble détruire l'appartement au complet. Après une heure, il quitte. Où va-t-il ?

Moi je ne dors pas.
Je ne dormirai pas.

Et à l'aube, je dévale les trois étages, je dépose deux médailles de la vierge dans la boîte au lettres de l'appartement huit et je sacre mon camp du bloc pour la journée.

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